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Inspiration

Madrid Un penthouse atypique à l’ombre d’un dôme

Dans un immeuble des années 1950, l’architecte d’intérieur Idoia Otegui a transformé les espaces des trois derniers étages en un triplex de charme où se côtoient l’esthétique classique de certains matériaux d’origine, des volumes à la fois ouverts et singuliers, et une décoration contemporaine.

À partir du milieu du XIXe siècle, les grandes villes européennes ont, par nécessité, transformé leur tissu préindustriel. En raison de l’augmentation de la population urbaine, Madrid s’est ainsi agrandie, et la construction par la bourgeoisie de demeures à la fois classiques et éclectiques a explosé. Et grâce à des réglementations très permissives, ces constructions n’ont suivi aucune règle, notamment celles qui offrent des points de vue, des surplombs, des penthouses en porte-à-faux, des tours, de dômes… bien souvent pas habitables mais simplement décoratifs. Ces espaces, souvent utilisés comme entrepôts, sont aujourd’hui les plus appréciés non seulement pour leur exclusivité et leur représentativité, mais aussi pour leurs terrasses et leurs vues sur tout Madrid.

Témoignage de l’histoire des lieux
C’est une de ces pépites qu’a transformée l’architecte d’intérieur espagnole Idoia Otegui, du cabinet éponyme, pour qui le processus de création de tout projet comble son esprit créatif. « J’aime aussi les travaux de construction et même l’odeur qu’ils dégagent ! Il est très gratifiant de voir ses idées développées et construites ». En plein cœur de Madrid, dans Chamberí, l’un des quartiers traditionnels, sous le dôme de dix mètres d’un immeuble de sept étages construit dans les années 1950, Idoia Otegui a métamorphosé ses différents étages, ses combles et ses deux terrasses symétriques pour en faire un triplex particulièrement original. Tout en respectant le caractère ancien du bâtiment ainsi que certains éléments esthétiques qui s’y trouvaient déjà, notamment les moulures, le sol d’origine, la menuiserie… « afin de mettre en lumière toutes ces textures qui témoignent de l’histoire du lieu », l’architecte a su redessiner des espaces contemporains adaptés aux besoins des propriétaires accros à la peinture, au yoga, à la cuisine… Les pièces devaient ainsi être polyvalentes afin d’accueillir ces différentes activités.

Trois étages singuliers
Au rez-de-chaussée se trouvent les espaces de vie  : l’entrée, le salon, la cuisine, la salle à manger, et au fond, derrière une porte coulissante, un cabinet chinois faisant aussi office de bureau et de chambre d’amis. L’architecte a choisi les couleurs des carreaux de sol de cette dernière pièce pour le papier peint au mur et au plafond du cabinet chinois, dans un puissant jeu de couleurs, mais aussi pour les textiles du canapé, des fauteuils, des tables basses et de l’ottoman du salon où trône l’escalier sculptural qui mène à l’étage supérieur. Un peu plus intime, il abrite une suite parentale installée sous le dôme et sa salle de bains aux tons verts et blancs. Cet espace tout en longueur (1 mètre de large sur 10 mètres de long) accueille tous les éléments dédiés au plaisir et à propreté : les toilettes avec un coin lecture décorées d’un escalier nécessaire pour accéder aux armoires de 4 mètres de haut ; le lavabo encastré dans une niche éclairée  ; une grande douche/ balcon qui vole et saute par-dessus les escaliers avec vue sur la chambre et la ville ; une porte coulissante en verre pour se doucher « à l’intérieur ». Depuis la suite, on accède à deux grandes terrasses aménagées comme de véritables pièces accueillant salon, séjour, salle de bains… et même « piscine », avec vue imprenable sur Madrid ! Un peu plus haut encore, sous le dôme, un espace tour à tour salon, grenier, salle de télévision ou de yoga. L’accès se fait depuis la suite par une échelle en tuyaux ondulés. « On grimpe pour accéder à un espace de 10 mètres de haut qui a la force et la beauté de ne servir à rien… un espace sans nom, sans usage, une folie, une extravagance, un luxe inutile, sublime, où les usages sérieux et conventionnels de la maison n’ont pas leur place ». Pour Idoia Otegui, il était important de conserver les éléments les plus précieux et de les associer à un mobilier plus contemporains et des couleurs dynamiques. « J’ai conservé le travail de l’architecte Luciano Diez Canedo qui a été réalisé il y a 50 ans. Tout cela a rendu mon projet beaucoup plus difficile, car j’avais une grande responsabilité ». Une façon pour elle d’ancrer le passé dans notre époque. Pour cela, elle a sélectionné des matériaux simples et intemporels, notamment le bois, le cordage, les carreaux de céramiques aux multiples nuances.

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