POUR UNE MODERNITÉ… …MAÎTRISÉE
Dans l’univers de l’architecture d’intérieur et de la décoration, comme dans beaucoup d’autres, la nouveauté, le changement, la différence sont souvent recherchés et mis en avant. Comme l’affirmait Rimbaud, « il faut absolument être moderne ». Pourquoi pas, si l’on s’oppose à l’immobilisme d’une tradition figée, comme dans cette fin du XIXe siècle marquée par les bouleversements littéraires, artistiques, industriels, philosophique. Mais il ne faut pas non plus considérer que tout ce qui est nouveau est forcément mieux et même, tout simplement, intéressant. Francis Picabia n’était il pas persuadé que c’est « une lâcheté que d’applaudir à toutes les idioties que l’on nous montre sous prétexte de modernité ».
Les stylistes, les créateurs, les designers sont, tant par inclinaison personnelle que pour répondre à la demande, naturellement tentés d’explorer des chemins encore vierges. Ainsi, le suédois Börge Lindau, hélas disparu en 1999, n’a-t-il pas choisi d’éditer, via son studio Bla Station, des produits offrant « une alternative à ce qui est déjà disponible, que ce soit dans la forme, la fonction, le matériau ou le processus de fabrication ». Une démarche passionnante, puissante, inspirante mais qui n’est heureusement pas la seule. Il est aussi possible d’explorer l’avenir sans se couper du passé, comme Matrix International qui ambitionne de « construire le design du futur sur l’héritage que le modernisme des années 20 et 30 a laissé », Johnny Dos Passos qui apprécie « la liberté de proposer quelque chose de différent » en mêlant l’art contemporain et le design, Erwan Péron qui va chercher l’inspiration dans la nature ou Roberto Cavalli qui retrouve l’exubérance rock et glamour pour Home Interior. Visionnaires et avant-gardistes, leurs créations s’inspirent à la fois de la tradition et de l’hyper-modernité intemporelle.
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