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SÉLECTION

Benjamin Hubert Un design holistique responsable

Le prolifique fondateur de l’agence londonienne Layer Design, connue pour ses solutions non conventionnelles aux « problèmes quotidiens », imagine un design centré sur l’humain.
Par Joséphine Duncan

Devenu l’une des signatures du design International, Benjamin Hubert, diplômé en design industriel auprès de la prestigieuse Loughborough University de Londres, a fondé son agence de création Layer en 2007 qui, avec aujourd’hui plus de 25 designers, imagine des objets innovants en adéquation avec les mutations de la société. Ayant rencontré très tôt le succès et avant-gardiste de la nouvelle génération, Benjamin Hubert est en effet un fervent défenseur des jeunes talents du monde entier. Ensemble, ils utilisent le design comme un outil pour créer des produits significatifs dans une perspective globale. S’il a désormais orienté ses recherches sur les dernières technologies, explorant notamment ce qu’elles peuvent apporter au monde du design, il a réalisé – et réalise toujours occasionnellement – du mobilier, des luminaires… en grandes séries ou en éditions limitées, toujours produits pour certains par les éditeurs avec lesquels il a collaboré, notamment Moroso, Poltrona Frau, Fabbian, Fritz Hansen, Andreu World…

Une conscience des besoins réels

S’il a fait du design son métier, c’est pour son côté pragmatique. « J’étais très passionné par l’art à l’école. Mais j’ai dû choisir entre l’art et le design. Ce qui m’a poussé vers le design, c’est ce côté rationnel, beaucoup moins subjectif que le domaine de l’art ». Ainsi, toutes ses créations sont-elles centrées sur l’expérience humaine, une notion importante dans l’ADN de Layer. « Je me concentre sur la création d’expériences significatives fondées sur une recherche stratégique approfondie et sur les comportements humains. Holistique, Layer intègre une boîte à outils créative diversifiée, comprenant le design industriel, l’interface utilisateur, l’ingénierie mécanique et électrique, la conception d’installations… toujours avec une recherche centrée sur l’humain ». Pour une large part, ses créations reflètent son style personnel. Pour autant, le processus de conception invite pour lui au travail d’équipe. « Chez Layer, le design suit une approche plus démocratique. Notre nom, qui signifie ‘‘couche’’ en français, représente d’ailleurs bien cette idée. Il s’agit de comprendre les couches de valeur, celles qui représentent la façon dont les utilisateurs interagissent avec le produit ». Offrant une expression ludique et une attention aux détails dans tout ce qu’il crée, Benjamin Hubert invite l’innovation technologique dans la plupart de ses produits. Ce fut le cas pour la lampe Loom (Zero), fabriquée à partir de fibres synthétiques, ou les suspensions Roofer (Fabbian), composées de tuiles de polymère assemblées comme un toit de maison. « Nous essayons toujours de réfléchir à la manière dont nous pouvons améliorer la vie des gens, même s’il ne s’agit que d’une légère évolution, en nous demandant comment rendre quelque chose plus agréable à utiliser ». Une dimension éthique doublée une réelle conscience écologique, intégrant depuis longtemps la question du développement durable dans la création d’objets. « On pense à comment exporter nos produits, au recyclage, s‘ils sont réutilisables… ». En témoigne la collection de fauteuils et paravents Canopy en parachutes recyclés avec la marque de mode Raeburn.

Innovation, durabilité et recyclage

Studio singulier, Layer couvre un large spectre de domaines, axés sur le style de vie et le mobilier durable d’un côté, des projets hautement techniques de l’autre. « Nous réfléchissons à la substance dont sont faits les projets très tôt dans notre processus. Nous ne sommes pas des stylistes, nous ne croyons pas seulement à la forme mais en des conceptions durables et résistantes », indique le designer pour qui une œuvre de design ou une installation réussie doit provoquer une émotion et faire réfléchir. D’ailleurs, il regrette une certaine « incompréhension » autour du design. « On le juge en termes basiques de forme et de couleur. Inexplicablement, il y a peu d’intérêt pour le design industriel, alors même qu’il s’agit des objets que nous utilisons tous les jours. Il serait intéressant d’expliquer la valeur intrinsèque des objets du quotidien, en termes de temps, d’équipes, d’énergie, de réflexion et d’argent qu’il a fallu pour les créer ». Un défi qu’il relève en innovant constamment pour proposer des espaces adaptés à nos vies d’aujourd’hui.